On entend de plus en plus parler des émeutes de Stonewall, l’un des événements les plus importants de l’histoire LGBT+. Pourtant, peu de gens savent de quoi il s’agit réellement, comme le prouve cette vidéo de Têtu. Que s’est-il passé lors des émeutes de Stonewall ? Comment ont-elles été déclenchées ? Ton shop LGBT+ préféré a décortiqué pour toi le sujet. Alors c’est parti pour une immersion dans l’histoire LGBT+ !
Avant les émeutes de Stonewall
Tu ne vas pas sans savoir que dans les années 1960, être LGBT+ était bien plus difficile que maintenant aux États-Unis. Par exemple, dans les bars de New York il était interdit de servir des boissons alcoolisées aux homosexuel·les, considéré·es comme “des malades mentaux”. Les personnes LGBT+ n’avaient pas non plus le droit de danser ensemble ou de se travestir. Ainsi, dès qu’un bar était soupçonné d’accueillir des homosexuel·les, une descente de police avait lieu. Chaque personne présente subissait alors un contrôle d’identité, puis était fichée voire arrêtée.
À l’époque, personne ne s’était encore révolté face à ces mesures disproportionnées, mais des mouvements comme la Mattachine Society agissaient dans l’ombre pour obtenir plus de droits à la communauté LGBT+.
En 1969, suite à des élections municipales, les restrictions ont été encore plus durcies, le maire John Lindsay ayant pour but final “d’éradiquer tous ces bars illégaux”. Les descentes dans les bars se sont alors multipliées…
Au coeur des émeutes de Stonewall
Greenwich Village est un quartier qui accueille une forte population homosexuelle depuis la fin de la première guerre mondiale. On y retrouve le Stonewall Inn, l’un des seuls bars new yorkais où les gays peuvent se retrouver, malgré les interdictions et les nombreuses descentes de police. C’est la mafia qui gère le bar et elle est prévenue à l’avance par des taupes lorsqu’un raid est sur le point d’avoir lieu, laissant le temps aux clients de partir.
La nuit du 28 juin 1969, alors que la fête bat son plein, 8 policiers en civil débarquent sans que la mafia ne soit au courant, créant la surprise et la panique générale. Contrôle des identités : la plupart des personnes peuvent partir, mais elles refusent. Pourquoi ? Parce que les client·es n’ayant pas leurs papiers d’identités et les personnes portant “des vêtements réservés au personnes du sexe opposé” n’ont pas le droit de quitter les lieux. Alors, les interpellations s’éternisent.
Dans ce quartier LGBT+, les nouvelles vont vite. Les curieux – lesbiennes, gays, trans et allié·es – se passent le mot et une foule commence alors à se rassembler devant le bar. Une drag king lesbienne, Stormé DeLarverie, refuse de se faire arrêter et donne un premier coup de poing à un policier, déclenchant ainsi les émeutes de Stonewall. Les policiers commencent à s’en prendre aux personnes LGBT+ à l’intérieur du bar, tandis que la foule se révolte à l’extérieur et commence à balancer des projectiles sur le bar et les policiers.
Au cours de cette nuit, les émeutes de Stonewall deviennent incontrôlables. 400 policiers et la police anti-émeute – Tactical Patrol Force – sont appelés en renfort contre environ 2000 manifestants. De nombreux·ses militant·es LGBT+ sont blessé·es par les policiers. Ils s’en prennent notamment, avec une extrême violence, à de nombreuses femmes trans et à des hommes jugés “trop efféminés”. Mais la police finit par abandonner, ne parvenant toujours pas à contrôler la foule de militant·es LGBT+.
L’émeute finit par se calmer. Mais les manifestant·es, révolté·es par la situation, décident de revenir les trois nuits suivantes, jusqu’au 4 juillet 1969. Aux États-Unis, c’est la première fois que des personnes LGBT+ et leurs allié·es se rebellent ensemble, avec violence, afin d’obtenir les mêmes droits que les autres américain·es.
Pendant ces émeutes, un libraire gay du nom de Craig Rodwell – connu pour avoir créé la première librairie d’auteurs gays du monde, dans la même rue que le Stonewall Inn – en profite pour faire venir la presse, afin de montrer au monde entier comment les personnes LGBT+ sont traitées aux États-Unis. Grâce à son intervention, de nombreux·ses journalistes assistent aux émeutes de Stonewall, médiatisant ainsi la cause LGBT+.
Après les émeutes de Stonewall
Quelques jours après les émeutes de Stonewall, notre libraire Craig Rodwell créé le Liberation Gay Front (LGF) aux côtés de Brenda Howards, une militante bisexuelle féministe. Ils décident alors qu’un an plus tard, une manifestation de commémoration aura lieu. Ainsi, le 28 juin 1970, 2000 personnes se rassemblent et manifestent pour commémorer les émeutes de Stonewall. C’est la naissance de la première “Gay Pride”, aujourd’hui appelée “Pride” ou “Marche des Fiertés”.
Si cet article t’a intéressé et que tu veux en savoir encore plus sur les émeutes de Stonewall, voici une petite liste de vidéos et documentaires qui pourraient te plaire :
- “Marsha P. Johnson et Stonewall”, vidéo youtube très complète de l’auteur queer et féministe Mx Cordélia.
- “Marsha P. Johnson, histoire d’une légende”, documentaire disponible sur Netflix.
- “La pride n’est pas qu’une fête (50 ans des émeutes de Stonewall)”, vidéo youtube de Bric-à-Brac de Brieuc, sortie en 2019 mais tristement toujours d’actualité.
- On ne te conseille pas Stonewall, le film le plus connu sur le sujet, qui invisibilise les personnes trans racisé·es alors qu’elles étaient en tête des émeutes.